18-19 nov. 2024 Aubervilliers (France)

Appel à communications

Ce colloque pluridisciplinaire porte sur l’imbrication du racisme et de la sexualité. Il s'agira d’établir ce que la construction sociale de la race doit à la sexualité et, réciproquement, comment le racisme participe à construire l’expérience (potentiellement minorisée) de la sexualité. Ces journées seront, notamment, l’occasion d’interroger la notion de minorisation sexuelle au prisme des rapports sociaux de race et des migrations, et de visibiliser des travaux empiriques qui étudient l’articulation entre le racisme et la sexualité. Leur visibilisation comporte des enjeux scientifiques et politiques importants dans la mesure où, en France, la constitution du racisme et de la sexualité comme objet d’étude a été complexe, longue et tardive (Streiff, 1997 ; Bozon, 2005).

Depuis les années 1990, nous assistons dans divers contextes nationaux à une institutionnalisation progressive des droits des minorités sexuelles et de genre (LGBTIQ+). Parallèlement, la tolérance envers ces minorités est devenue un marqueur de distinction sociale (Tissot, 2018). Sur le plan des rapports de classe, cette tolérance serait caractéristique des classes supérieures qui feraient preuve d’une plus grande ouverture d’esprit de principe, qui ne s’actualise pourtant pas nécessairement en pratique (Rault 2016). Sur le plan des rapports de race, cette institutionnalisation a alimenté des binarismes à différentes échelles. A l’échelle internationale, la tolérance à l’égard des minorités sexuelles s'est vue instituée comme un élément distinctif de l'Occidentalité qui légitime en retour la supposée supériorité morale des Occidentaux sur le reste du monde (Jaunait, Le Renard, Marteu, 2013). Plusieurs chercheur·es ont proposé des appareillages conceptuels pour saisir ces dynamiques contemporaines des interactions entre race et sexualité : exceptionnalisme sexuel (Puar, 2001), démocratie sexuelle (Fassin, 2006). Ces interactions se déclinent également à l’échelle nationale : l’homophobie au sein des pays occidentaux serait non seulement le propre des classes populaires, mais aussi des groupes racisés (Fassin, 2010 ; Tissot, 2018). Cette représentation alimente les processus d’altérisation des “migrant·es”, notamment musulman·es, leur association à une homophobie intrinsèque étant mobilisée pour légitimer un durcissement des politiques migratoires (Fassin, 2006 ; Scheibelhofer, 2016).

À un haut niveau de généralité, les ajustements normatifs récents sur le plan de la sexualité ont donc tendance à alimenter des mises en opposition binaires au sein des rapports de race et de classe. On peut donc se demander de quelles manières elles influent sur l’expérience concrète de ces entrecroisements. En particulier, comment ces mises en opposition affectent-elles l’expérience des personnes et des groupes qui sont simultanément sexuellement minoritaires, de classes populaires, racisé·e·s et/ou migrant·e·s ? Leur imposent-elles nécessairement des formes de loyauté divisée (Amari, 2015) entre affiliations sexuelles, d’une part, et affiliations raciales, nationales et de classe, d'autre part ?

Inversement, la racialisation alimente des formes d’assignation sexuelles différenciées et hiérarchisées. En effet, le rapport au genre et à la sexualité des personnes racisées et/ou migrantes est souvent abordé de manière caricaturale. Rapporté à leur origine réelle ou supposée dans une perspective culturalisante (Shepard, 2017; Mack, 2017), il est envisagé comme dérogeant aux normes de la société majoritaire (hyper-sexualité, violence des rapports hétérosexuels, rapport à la contraception, irresponsabilité sexuelle et parentale, etc.). Il apparaît donc que l'hétéronormativité ne fait pas que privilégier l'hétérosexualité, elle dessine les contours d'une hétérosexualité dominante en fonction de critères de race et de classe (Cohen, 2005). Ces éléments relatifs à la co-construction de la race et de la sexualité invitent à interroger la notion même de minorisation sexuelle. L’hétérosexualité et les privilèges qui lui sont assortis sont-ils fonction de la place occupée dans les rapports de race et de classe ? Dans quelle mesure, la race et la classe produisent-elles des formes d’hétérosexualité “non-normative” (ibid.) ? Celles-ci peuvent-elles être comprises comme relevant d’une forme de minorisation sexuelle ? Quels sont les ressorts raciaux de la minorisation sexuelle ? Et inversement, quels sont ceux de la construction de positions sexuellement privilégiées ? Comment les saisir ? 

Dans le cadre de ces questionnements, nous avons identifié quatre axes au sein desquels les interventions pourraient s’inscrire. Ils sont indicatifs et des propositions soulevant d’autres thèmes et questionnements sont les bienvenues, toute proposition ancrée dans une ou plusieurs études de cas empirique étoffées pouvant retenir notre attention.

Axe 1 : Théories et méthodes 

L’analyse des formes d’imbrication entre race et sexualité pose des questions d’ordre théorique et méthodologique qui sont liées à la place marginale que tiennent ces deux objets - et a fortiori leur articulation - dans le champ de la recherche.

D’un point de vue théorique, l’étude d’expériences minoritaires à la croisée de différents rapports sociaux relève a priori de l’intersectionnalité. Néanmoins, ce paradigme a été élaboré au départ pour analyser l'expérience spécifique des femmes racisées (Crenshaw, 2005 ; Chamberland et Lebreton, 2012) et l'articulation entre la race, le genre et, dans une moindre mesure, la classe. La focalisation sur l'articulation race-sexualité permet donc de questionner ce paradigme de recherche. Les outils élaborés par l'intersectionnalité permettent-ils de saisir cette imbrication ? Les travaux se focalisant sur l'articulation race-sexualité impliquent-ils un renouvellement des approches intersectionnelles ? D’autre part, dans le contexte français, de nombreux travaux qui étudient l’articulation de plusieurs axes de hiérarchisation sociale adoptent une perspective matérialiste dans laquelle la notion de rapport social est centrale. Cette notion est généralement réservée au triptyque “sexe, race, classe” (Kergoat, 2009), et ce même s’il a parfois été proposé d’étendre la notion à d’autres axes de hiérarchisation, tels les rapports de génération, par exemple. À cet égard, est-il possible de parler de rapports sociaux de sexualité ? Qu’apporte une approche en termes de rapports sociaux pour l’analyse de l’imbrication race-sexualité ? 

D’un point de vue méthodologique, les minorités sexuelles et raciales sont largement sous représentées dans les enquêtes quantitatives. Toutefois, dans le cadre de deux enquêtes portant sur la sexualité en France (CSF 2024 et Envie) des analyses quantitatives explorant les effets du racisme sur la vie sexuelle sont en cours. À partir de ces travaux, il s’agirait d’interroger les modalités d'échantillonnage, les stratégies d’enquêtes et les méthodes d’analyse qui permettent d’interroger l’articulation de la sexualité et du racisme. En particulier, comment sont construites les catégories qui fonctionnent comme des proxys de la racisation ? Quelles méthodes d’analyse permettent de rendre compte des interactions complexes entre racisation et sexualité, étant entendu que ces interactions ne sont pas simplement cumulatives ? 

Dans le cadre des travaux qualitatifs, les mêmes problèmes d'échantillonnage se posent pour les populations, en particulier lorsqu’elles sont minorisées à plusieurs titres, qui sont difficiles à atteindre. Qu’implique, par ailleurs, le fait de travailler sur un objet qu’il est difficile de contextualiser sur le plan quantitatif en raison de l’absence d’enquête ? Les méthodes qualitatives sont-elles intrinsèquement plus à même de permettre la mise en œuvre d’une perspective intersectionnelle soucieuse de rendre compte des modalités complexes et multiples selon lesquelles racisme et sexualité s’articulent ? Malgré son utilité dans la saisie de l’intersectionnalité en pratique (Mazouz, 2015), la méthode ethnographique est-elle toujours pertinente, voire possible dans le traitement des articulations race/sexualité ?

Axe 2 : Inégalités et privilèges

Les inégalités qui découlent des interactions entre race et sexualité constituent un thème central de ce colloque. Elles peuvent être appréhendées de manière bidirectionnelle. Il s’agira, d’une part, de saisir de quelle manière le racisme affecte l’expérience intime de la sexualité et produit des inégalités socio-sexuelles. Et, d’autre part, d’interroger comment la sexualité alimente l’expérience de la racialisation. En outre, des travaux portant sur la construction sociale de privilèges simultanément raciaux et sexuels (l’articulation de la blanchité et de l’hétérosexualité) seraient appréciés (voir par exemple Brand, 2018 ; Cosquer, 2018; Le Renard, 2019; Vörös, 2020).

Les minorités sexuelles racisées sont confrontées à des processus d’altérisation fondés sur la race (Cervulle et Rees-Roberts, 2010 ; Trawalé, 2018) qui contribuent à les faire occuper une position particulière au sein des espaces gais et lesbiens majoritaires, mais aussi plus largement du marché affectif et sexuel, entre exclusion, exotisation et fétichisation (Manalansan IV, 2005). C’est le cas, entre autres, des gays antillais vivant en métropole qui sont confrontés à des formes de racisation qui diffèrent de celles expérimentées outre-mer (Gordien, 2018). Plus généralement, la manière qu’ont les minorités sexuelles racisées de vivre leur sexualité est souvent caricaturée, ramenée à une culture supposée d'origine. Ils et elles sont réputé·e·s vivre leur sexualité de manière pré-moderne par opposition aux Blanch·es. Ces perceptions instituent une hiérarchisation empreinte de logiques coloniales au sein même des minorités sexuelles. Dans certains cas, la racisation aboutit à mettre en doute l’authenticité sexuelle des LGB racisé·es. Par exemple, la catégorisation d’une personne comme “Noir·e” entraine souvent une catégorisation simultanée en tant qu’hétérosexuel·le (Trawalé et Poiret, 2017 ; Held, 2017). A l’inverse, dans la recherche de partenaires, la blanchité peut être associée par des personnes migrantes à la garantie d’une homosexualité accomplie et vécue plus librement (Chossière, 2022a), à des formes de sexualité valorisées ou au contraire dépréciées (Carrillo et Fontdevila, 2014). Dans quelle mesure ces mises en opposition des appartenances minoritaires sur les plans de la race et de la sexualité alimentent la marginalisation des minorités sexuelles racisées et/ou migrantes ? Comment les personnes concernées négocient-elles ces assignations et quelles formes d’agentivité individuelle et collective mettent-elles en place ? Par ailleurs, dans le soucis de ne pas homogénéiser les populations racisées, nous invitons à caractériser les processus de racisation différenciés qui surviennent dans ces contextes particuliers, rejouant différentes catégories raciales (“Noir.es”, “Arabes”, “Asiatiques”, “Latino/Latina”, etc).

L’imbrication de la sexualité avec les rapports sociaux de sexe, de race et de classe produit des contraintes sociales et matérielles spécifiques (Amari 2015, 2018 ; Gordien, 2018, Almeida, 2021). Penser la sexualité comme un rapport social (Clair 2012, 2013) implique une réflexion sur son caractère transversal et dynamique et ses effets différenciant et hiérarchisant. Parallèlement, il importe d’interroger de ce point de vue d’autres configurations sexuelles minoritaires. En effet, les recherches sur les intimités transnationales ont mis en évidence la façon dont, dans un contexte d’inégalités économiques et raciales marquées entre le Nord et le Sud, la sexualité et la conjugalité pouvaient fonctionner comme un levier d’ascension sociale, tant pour les populations des Suds (souvent des hommes), que les femmes des Nords (Despres, 2017). 

Axe 3 : Santé

Du point de vue de la santé sexuelle, on sait que les hommes racisés ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH racisés) sont les plus vulnérables face à l’épidémie du VIH (BSP, 2019). En France, très peu de travaux portent spécifiquement, cependant, sur la santé sexuelle des HSH racisés (Nzeyimana Cyizere, thèse en cours). L’objectif de cet axe est précisément d’interroger les effets que peuvent induire pour la santé sexuelle la convergence des discriminations en raison de la race et en raison de la sexualité. Le racisme peut, par exemple, contrevenir à l’accès aux espaces gais majoritaires (Trawalé, 2018) qui jouent un rôle important en matière de prévention et ainsi induire des conséquences dommageables sur le plan de la santé sexuelle. De même, ces discriminations croisées peuvent s’actualiser au sein des services de santé et avoir un effet sur les prises en charge, la qualité des soins et les dispositions à y recourir.

En outre, historiquement les femmes racisées sont l’objet de politiques antinatalistes qui tranchent avec l’injonction à la procréation qui est faite aux femmes blanches majoritaires (Paris, 2020). Ici, des représentations racialisées de la sexualité (rapport à la contraception, irresponsabilité sexuelle et parentale, etc.) alimentent des discours et des pratiques discriminatoires sur le plan de la santé reproductive. Il s’agira, dès lors, d’analyser l’effet qu’ils peuvent avoir sur la prise en charge des femmes racisées dans les services de santé. 

Plus généralement, plusieurs travaux (Hogarth, 2017 ; Peiretti-Courtis, 2021) témoignent du rôle historique qu’a joué la médecine dans la pathologisation sexuelle des personnes racisées. Elle a simultanément contribué à justifier les entreprises esclavagistes et coloniales et a légitimé toutes sortes d’expérimentation médicale sur les personnes racisées. Dans la continuité de ces recherches, des communications pourraient interroger le rôle joué par la médecine dans la coproduction de la race et de la sexualité.

Axe 4 : Espaces et déplacements

Dans la lignée de l’intersectionnalité située (Yuval-Davis, 2015), attentive au caractère spatialement et temporellement situé des imbrications des rapports de pouvoir, nous apprécierons particulièrement les travaux qui mettent l’accent sur la dimension spatiale de l’articulation entre la race et la sexualité minoritaire.  En effet, la sexualité, la race et l’espace sont encore peu pensés conjointement dans la littérature francophone.

Une première piste interroge la place qu’occupent les personnes racisées au sein des lieux communautaires LGBT+ (établissements commerciaux, espaces associatifs, etc). Souvent vu comme un sas de liberté, l’usage de ces espaces peut également être circonscrit par le racisme (Prieur, 2015 ; El-Hage et Lee, 2016 ; Held, 2017 ; Chossière, 2020). La conceptualisation spatiale en termes “d’espaces gays” ou “d’espaces queers” tend non seulement à présupposer une homogénéité illusoire, mais aussi à invisibiliser les pratiques de hiérarchisation raciale, entre autres, qui surviennent en ces lieux (Rushbrook, 2002 ; Oswin, 2008).

Toutefois, si les lieux communautaires LGBT+ se prêtent particulièrement bien à l’analyse des expériences vécues racialisées de la sexualité minoritaire, il apparaît nécessaire d’étudier l’articulation de la race et de la sexualité pour les personnes LGB racisées dans d’autres contextes : espaces publics (Chossière, 2022b), espaces numériques (Shield, 2019), notamment. Plus largement, on pourrait s’interroger sur la façon dont la mise en minorité sexuelle et la place dans les rapports de race orientent les mobilités quotidiennes. Par ailleurs, les recherches sur les minorités sexuelles et de genre s’attèlent depuis plusieurs années à sortir d’un prisme d’analyse centré sur les grandes villes et la visibilité urbaine, en s’intéressant aux gays et lesbiennes au sein des espaces dits péri-urbains, populaires et/ou ruraux (Annes, 2012 ; Giraud, 2016 ; Ravier, 2022). Comment penser l’articulation de la sexualité minoritaire et de la race dans ces espaces, et les enjeux de visibilité / invisibilité, en particulier dans des contextes associés à une homophobie supposée plus forte qu’ailleurs, comme dans le cas de la « banlieue » (Clair, 2012) ? En effet, en France le lien établi entre homophobie et personnes racisées s’articule à une supposée fracture spatiale entre des centres urbains qui seraient “progressistes” et les “banlieues” qui, en plus d’être foncièrement sexistes (Hancock et Lieber, 2017), seraient aussi intrinsèquement homophobes (Fassin, 2010 ; Tissot, 2018), selon un euphémisme consistant à dire l’espace pour ne pas dire la race (ibid.). Comment se construit ce type de discours ? Peut-on relever des formes similaires de spatialisation de la racialisation de l’homophobie dans d’autres contextes ?

Partant du postulat que les situations de mobilité géographique constituent un objet particulièrement heuristique pour penser les frontières sociales, le déplacement spatial s’accompagnant d’une recomposition des positions sociales et d’une confrontation à de nouvelles normes, nous encourageons également les propositions portant sur les expériences vécues de personnes migrantes LGBTI+ pour interroger les thématiques soulevées dans cet appel. De telles recherches tentent de saisir les effets des parcours migratoires, des politiques migratoires et de la rencontre de conceptions d’identités sexuelles variées sur le quotidien des individus (Chossière, 2022 ; Lee, 2019 ; Dhoest, 2016 ; Carrillo et Fontdevila, 2014 ; Roy 2013; Stambolis-Ruhstorfer, 2013). Elles rendent également compte des ajustements identitaires déployés par les individus pour faire face à des processus d’assignation et d’altérisation multiples (Gordien, 2018 ; Altay, 2023). On pourra de plus s’interroger sur le rôle particulier de l’expérience et du statut migratoires dans les processus de racialisation articulés à la sexualité. Mais le prisme migratoire invite à élargir la compréhension de la sexualité minoritaire. Au-delà de l’hétéronormativité, dans quelle mesure l’arrivée dans un autre pays ou en métropole confronte-t-elle à de nouvelles socialisations sexuelles ? Comment les nouvelles normes sexuelles qui émergent peuvent-elles être vectrices de marginalisations ? Comment sont-elles appropriées, contournées ou contestées ? Comment le positionnement par rapport à celles-ci s’articule-t-il avec les rapports sociaux de race, mais aussi de genre et de classe ? Enfin, il conviendrait d’interroger dans quelle mesure les dispositifs et politiques de contrôle des migrations investissant des thématiques sexuelles (travail du sexe, droit d’asile, etc) sont traversés par des pratiques et représentations racialisantes. En somme, il s’agit de saisir la tension à l'œuvre entre contrôle et émancipation autour de la sexualité en contexte migratoire (Arab, Gouyon, Moujoud, 2018).

Dans une volonté de décentrement, nous accorderons une attention particulière aux propositions travaillant l’articulation de la race et de la sexualité en situation migratoire, voire touristique, dans d’autres pays que les pays du Nord. Comment se configurent ces articulations dans des situations de déplacements Nords - Suds ou bien Suds - Suds ? Par exemple, à quelles imbrications de la race et de la sexualité donnent lieu localement les “migrations privilégiées” de personnes issues de pays des Nords vers les pays du Sud ? 

Pour finir, nous invitons également à considérer l’ensemble des questions posées dans cet appel à l’échelle transnationale. A l’heure de la circulation globale des informations, des produits culturels et des imaginaires, ainsi que des nouvelles technologies d’informations permettant de créer des liens transnationaux et d’ouvrir de nouveaux espaces de rencontres et de relations affectives, amoureuses et sexuelles, comment penser les articulations de la race et de la sexualité minoritaire à une nouvelle échelle ? A titre d’exemple, on peut se demander dans quelle mesure l’internationalisation du marché homosexuel (Awondo, 2019) reconfigure ou réaffirme les processus de racialisation sexuelle.

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